Artistes

Solari Edmundo

 

« SOLARI, COMME l’ALCHIMISTE. »

Pline l’ancien affirmait dans ses écrits qu’une jeune fille, assistant au départ de son fiancé, un peu mélancolique, avait tracé sur le mur avec une craie sa silhouette de façon à garder au moins le souvenir de son apparence.

C’est peut-être là la première finalité de l’art : conjurer la mort, lutter contre l’absence, essayer encore une fois de représenter ce qui va nous échapper.

Il y a un peu de la pensée de Pline dans le travail d’Edmundo Solari. Ce sculpteur sud-américain qui martèle la tôle d’acier pour lutter contre le temps qui va tout effacer.

Dans son œuvre, présente dans de nombreuses collections privées et publiques, il met en scène des personnages qui  illustrent à merveille la fragilité de la vie. L’acrylique, le métal constituent les fenêtres d’un univers personnel fait de petits riens, qui assemblés, fascinent les sens. Et quoi de plus émouvant qu’un morceau de vie ?

Solari nous donne à voir un monde d’humains aux formes épurées, aux atmosphères raffinées évoquant l’âge d’or des arts premiers. Parmi ses thèmes de prédilection, l’image de « l’homme qui marche » occupe une place importante.

Né à Rosario (Uruguay) en 1954, ce sculpteur réside en Belgique depuis l’âge de 17 ans. Son art est un savant équilibre entre rigueur et lyrisme, entre contraintes et libertés, entre tradition et modernisme.

De son pays natal, il apporte le sens d’une certaine métaphysique, le don magique de l’évocation et la prédilection pour  le quotidien.

Il assemble des personnages qui par leur volontaire simplicité, leur psychologie tour à tour anxieuse et tendre, habitent un univers suspendu au fil d’Ariane.

S’il y a un peu de la pensée de Pline dans le travail d’Edmundo Solari, il y aussi l’univers de Coelho. Une métaphore de la quête de l’alchimiste. Solari est un peu comme Santiago, à la poursuite de son rêve. Rencontre après rencontre, initié au cours de son parcours dans le désert, Solari nous apprend à écouter son cœur, à lire les signes du destin et par-dessus tout, à aller au bout de notre désir.

Le message est simple mais beau… C’est un hymne au voyage, à la quête de soi-même et des autres. Le trésor que le berger cherchait en vain était finalement tout prêt, il était en lui, mais il lui a fallu vivre maintes expériences pour s’en rendre compte. Et finalement ce trésor, c’est le bonheur que l’on porte en chacun de nous mais qu’il faut aller chercher quand même.

L’art est cette recherche permanente d’une autre voie profondément humaine. Le parcours de Solari traduit une idée d’une œuvre qui dépasse l’homme.

Tant que notre ignorance nous cache la totalité de ce qui se fait, se montre et se pratique, nous sommes candides et le beau est une fleur. Lorsque l’artiste s’exprime dans le sens de voir autrement, il aide à progresser dans notre compréhension réciproque de l’autre.

Lucien Rama, Mars 2005, Critique d’art